Démocratie
1. Introduction
2. Liens
3. Initiatives
4. Extraits
1. Introduction
A mon sens, il est abusif d'utiliser le terme de « démocratie » pour parler du système représentatif existant. Vu que « démocratie » signifie le pouvoir par le peuple, pour le peuple. L'utilisation de ce terme pour notre système pourrait nous donner à penser que nous sommes en démocratie, alors que ce n'est pas le cas, et que cela a été voulu ainsi dans la constitution de 1830.
La démocratie, ce n’est pas déposer un bulletin de vote une fois tous les 5 ans, puis ne plus avoir rien à dire ;
la démocratie, ce n’est pas la politique aux mains de l’économie et influencé par les lobbies ;
la démocratie, ce n’est pas des politicien-nes de métier, coupés de la réalité de terrain et qui sont protégés par l'immunité parlementaire ;
la démocratie, ce n’est pas des médias (journaux, radio, TV) aux mains de la finance ;
la démocratie, ce sont des médias (presse, radio, TV) libres et indépendants (le contre-pouvoir);
la démocratie, c'est un pouvoir judiciaire indépendant;
la démocratie, c’est le tirage au sort, les assemblées citoyennes, les referendums, le budget participatif...;
la démocratie ce sont des mandats limités dans le temps ;
la démocratie, ce sont des politicien-nes qui ne prennent pas des décisions à notre place, mais qui sont les porte-paroles des décisions citoyennes.
la démocratie, c'est privilégier le consensus dans la prise de décision...
2. Liens
CAP DEMOCRATIE.
RMC.
Agora Belgium. Parti qui se présente aux élections fédérales, qui a une liste à Namur, Bxl et BW.
Citoyen Lambda.
Collectif Citoyen.
3. Initiatives
On peut chercher à aménager des espaces pour plus d'expression et de décision de la part des citoyen.ne.s, mais on reste quand même dans le système. En systémique, on distingue le changement de type 1 (on reste dans le système) et le changement de type 2 (on change de paradigme).
Relevons néanmoins ce type d'initiatives en Belgique :
1948. Droit de vote des femmes.
1951 référendum sur la Question royale.
2011. G1000. 700 participants discutent sur 3 thèmes.
2019. Depuis 2019, en région germanophone, existe une structure permanente de citoyen.ne.s tirées au sort (24) : le conseil citoyen permanent. C'est lui qui choisit les thèmes à débattre et qui organise les assemblées citoyennes ponctuelles (auxquelles il ne participe pas). 1/3 de ses membres change tous les 6 mois. Indemnité de 100 € pour 4h + frais de déplacement.
2021. Le Panel Citoyen Climat a réuni 50 citoyens tirés au sort en 2021. A l’issue de six week-ends, ils ont émis 162 recommandations pour le climat dont la limitation des émissions de gaz à effet de serre en Wallonie.
2023. Expérience de Commission délibérative en RW (30 citoyen-nes tirées au sort + 10 députés volontaires, sur un total de 5 journées), dans le but d'installer une structure permanente comme en communauté germanophone. A l'initiative de CaP Démocratie (qui avait dû récolter 2.000 signatures), et accompagné par Dreamocracy. Le parlement wallon devait se prononcer ce 24 avril 2024.
Le budget participatif. Une commune décide de remettre entre les mains de la population la façon d'utiliser un budget. ex. Spa.
Pétitions. 1.000 signatures. Le droit de pétition permet aux citoyens de faire entendre leur voix en attirant l'attention des autorités publiques sur leurs préoccupations. Il peut s'agir d'un avis, d’une demande, d'une plainte ou de toute autre proposition. Le contenu d'une pétition peut servir aux élus pour établir ou améliorer une législation, pour renforcer leur contrôle de l'action du Gouvernement ou pour faire prendre une position par le Parlement (Wallon). Lorsqu'une pétition est jugée recevable, elle est envoyée dans la commission parlementaire compétente. La pétition
doit formuler une question concrète à propos d’un sujet relevant de la compétence de la Région ou visant ses intérêts, la pétition est présentée à la commission parlementaire compétente.
Conseil communal consultatif des aînés. ex. Seraing.
Conseil communal consultatif citoyen. ex. Seraing, composé de personnes ayant présenté leur candidature (une dizaine de personnes, sur une population de 60.000 habitant-es).
Interpellations citoyennes. Possibilité pour le citoyen de demander au conseil provincial ou communal des explications sur un sujet défini. Le texte de l’interpellation proposée est adressé par écrit au collège communal ou provincial. Pour être recevable, l’interpellation doit remplir certaines
conditions. L’interpellant expose sa question en séance publique du conseil et les élus y répondent. L’interpellant dispose de deux minutes pour répliquer à la réponse, avant la clôture définitive du point de l’ordre du jour. Les interpellations sont transcrites dans le procès-verbal de la séance du conseil communal. Il est publié sur le site internet de la commune.
Panel citoyen « We need to talk » par rapport au financement des partis politiques en Belgique.
Consultation populaire. 60.000 signatures. La constitution belge n’autorise pas la pratique du référendum. En revanche, elle permet les “consultations populaires” qui s’apparentent au référendum, mais sont purement consultatives. Les pouvoirs publics sont libres d'en suivre ou non le résultat.
3. Extraits (livres en bibliothèque).
Barbara STIEGLER, « De la démocratie en Pandémie ».
« Mais nous pouvons aussi tenter de nous unir, avec quelques autres, pour constituer des réseaux de résistance capables de réinventer la mobilisation, la grève et le sabotage, en même temps que le forum, l'amphithéâtre et l'agora. En s'y mettant à plusieurs, ici et maintenant, en ouvrant en grand nos institutions à tous les citoyens qui, comme nous, sont convaincus que le savoir ne se capitalise pas, mais qu'il s'élabore ensemble et dans la confrontation conflictuelle des points de vues, nous pourrions peut-être contribuer à faire de cette « pandémie », mais aussi de la santé et de l'avenir de la vie, non pas ce qui suspend, mais ce qui appelle la démocratie. » (page 54).
Simone WEIL, Notes sur la suppression générale des partis politiques, 1943.
« Presque partout – et même souvent pour des problèmes purement techniques – l'opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s'est substituée à l'opération de la pensée.
C'est là une lèpre qui a pris origine dans les milieux politiques, et s'est étendue, à travers le pays, presque à la totalité de la pensée.
Il est douteux qu'on puisse remédier à cette lèpre, qui nous tue, sans commencer par la suppression des partis politiques » (page 54).
Simon LEMOINE, Découvrir Bourdieu, 2020 (Chiroux 1 BIO BOURDIEU)
« Il est très étonnant d'étudier le rôle que joue l'individu lui-même dans cette bataille continue, puisqu'il se conçoit lui-même comme légitimement dominé, c'est-à-dire qu'il en vient à se dévaloriser lui-même en fonction des critères donnés subrepticement par ceux qui le dominent. Le dominé se voit lui-même à travers des catégories mentales (des « lunettes ») des dominants, et participe dès lors, bien souvent, à sa propre domination (en se dominant lui-même) » (page 16).
« A quoi sert le savoir sociologique ? En quoi le fait de saisir que nous sommes largement façonnés par la société peut-il changer quoi que ce soit à cela ? Reconnaître, à l'aide de la science, que le malheur que nous subissons provient en bonne part de causes sociales, a au moins trois intérêts : la déculpabilisation des dominés, la responsabilisation des hommes politiques, et l'augmentation, pour ceux-ci comme pour ceux-là, de la capacité de lutter » (page 23).
« On comprend que les dominants participent, d'une manière ou d'une autre, à minimiser la violence, pour ne pas prendre leur part de responsabilité et pour que les dominés ne se révoltent pas. Mais comment est-ce possible que les dominés eux-mêmes (se) masquent la violence dont ils sont l'objet ?
Relevons tout d'abord que la violence dont il est question ici n'est pas manifeste (comme un coup de poing ou une insulte), elle est diffuse, elle peut être minuscule (et efficace par répétition et/ou combinaison avec d'autres violences minuscules), elle peut être institutionnelle, elle peut être symbolique, c'est-à-dire acceptée comme légitime par le dominé, qui a intériorisé une manière de penser dominante, qui le désavantage (« je suis de ceux qui manquent d'ambition », « mon métier ne vaut rien », « ma nature est faible », etc.) » (page 26).
« Ainsi un « ordre des choses » est en place, établi, solide, et cet ordre social profite aux dominants, au détriment des dominés » (page 28).
« Le diagnostic pourrait sembler accablant, puisqu'il fait état d'une violence de grande ampleur, et montre qu'elle est cachée, mais il ne l'est pas, car il apporte en même temps une bonne nouvelle : une bonne part du malheur que les hommes supportent peut tout à fait être réduite. [ ] en agençant la société autrement, et en travaillant sur les moeurs et les représentations.
Bourdieu s'adresse ensuite aux hommes politiques. Il reconnaît qu'il est difficile de lutter contre ce qui génère socialement de la souffrance, mais il tente de les responsabiliser : ils sont coupables si ils ne cherchent pas à le faire, et s'ils n'emploient pas tous les moyens à leur disposition pour le faire » (page 29).
Albert de SURGY, Osons réinventer la démocratie, 2018. (320,1)
« Alors que nos connaissances devraient nous permettre de vivre dans l'abondance, la condition de vie du plus grand nombre ne s'améliore plus. Il y a toute chance pour que nos enfants vivent moins facilement que nous, confrontés à une multitude de nuisances. La précarité et la baisse du pouvoir d'achat gagnent du terrain jusqu'à menacer l'emploi et la sécurité des classes moyennes. La richesse se concentre entre les mains d'une catégorie très restreinte d'individus : la haute bourgeoisie d'affaires et ses auxiliaires politiques. De tels individus orientent leurs investissements et la production à seule fin d'assouvir leur insatiable appétit de jouissance et d'accaparement des richesses, et affirmer leur supériorité par des dépenses ostentatoires (yachts et jets privés, séjours dans des palaces, voyages de simple curiosité dans l'espace, etc.). Essentiellement préoccupés d'accroître leurs profits, ils n'ont que peu d'égards pour les ressources naturelles et humaines dont ils se servent. A la différence des entrepreneurs d'autrefois, ils vont de l'avant, se grisent et s'enorgueillissent de l'accélération de leur croissance sans se soucier du terme où elle les mène en entraînant derrière eux le reste de la société. Ils représentent une nouvelle droite dangereuse, dévastatrice, n'obtenant le soutien d'une majorité d'électeurs qu'en les influençant, voire en les désinformant et les manipulant par le biais de réseaux et d'organes de communication dont ils ont acquis le contrôle. » (page 7).
« Respecter l'autre, désirer l'enrichissement que procure l'entretien de relations avec lui, accepter d'évoluer en interaction avec lui, ne plus s'accrocher à une identité communautaire stérile, telle est la condition première d'une humanisation et d'une démocratisation véritable de nos sociétés. [ ]
Il convient de promouvoir désormais, non plus les actes de bravoure, mais la recherche patiente de solutions donnant satisfaction à tous ». (page 46).
« Alors qu'une majorité de la population n'aspire qu'à vivre en paix, dans la concorde, il existe malheureusement, et existera peut-être toujours, un bon nombre d'esprits frustes, égoïstes ou pervers, assoiffés de pouvoir, enclins à la bagarre. Comment déjouer leurs machinations ? Allons-nous relever le défi qu'ils nous lancent en entrant en lutte contre eux pour faire barrage à leurs prétentions et préserver la part de pouvoir qui nous revient ? Prenons garde, car nous engager dans l'engrenage du conflit, nous laisser attirer avec les mêmes armes qu'eux sur le même champ de bataille, nous condamnerait à perdre notre âme.
En politique cela implique un refus de cautionner le régime des partis [ ]. » (page 56).
« Comme un Etat qui s'est placé aux ordres du capitalisme n'en est pas moins redevable de ses actes devant les électeurs, nous le voyons s'employer de diverses manières à faire avaler à ces derniers la pilule amère qui leur est administrée. Il détourne leur attention de problèmes essentiels au moyen de festivités, distractions et commémorations diverses. Il les égare par des « communications » se donnant l'apparence de l'objectivité pour les persuader qu'il a fait de son mieux. Afin que leurs souffrances ne franchissent pas la limite du supportable, il se plaît à assumer un rôle d'Etat-providence. Le peuple affolé lui demande-t-il des aides et des subventions ? Il s'empresse de les lui accorder au compte-gouttes, mais suffisamment pour le rendre dépendant de lui, si bien que, quand la situation empire, le même peuple, réduit à l'impuissance, réclame encore plus d'Etat, plus de générosité publique. Depuis le slogan « Pompidou, des sous ! » jusqu'à la revendication actuelle d'une multitude de droits : à un logement, aux soins médicaux, à une allocation universelle de survie, etc., il ne cesse de réclamer stupidement la protection paternelle de l'autorité coresponsable de son humiliation. [ ]
Pour bâtir une société non capitaliste capable d'éviter les pièges du nationalisme, du fascisme et du communisme, ouvrant enfin à la population une perspective rassurante, nous ne pouvons compter que sur une force politique entièrement nouvelle, demeurant à constituer » (page 98).
« [ ] convaincus que le pouvoir, pour être supportable, doit s'édifier organiquement depuis la base vers le sommet, de façon que l'autorité suprême ne prive aucune personne des initiatives qu'il lui revient de prendre à son niveau. Nous pensons que l'engagement politique fondamental des citoyens ne consiste pas à déposer dans l'urne un bulletin de vote, mais à s'organiser en groupes de proximité où trouver protection, stimulation et moyens d'expression. La volonté populaire manifestée par de tels groupes est d'une tout autre qualité que celle résultant d'un simple choix électoral entre quelques propositions formulées par les comités directeurs des partis. Elle est réaliste et déterminée. Elle ne ballotte pas d'un bord à l'autre au gré des informations émouvantes mises en vedette dans la presse. » (page 106).
« Avant de poursuivre, remarquons combien est aberrante cette croyance en la vertu des contre-pouvoirs. Un pouvoir qui a besoin d'être contrarié est tout simplement un pouvoir mal organisé, mal institué. Si les dirigeants d'un pays n'étaient pas mis en condition d'abuser de celui qui leur a été confié, il ne serait plus nécessaire de songer à se défendre contre leurs abus. S'il n'y avait pas de souverain, autrement dit si la population n'avait pas commis l'imprudence de s'en donner un, il deviendrait inutile de songer à s'en protéger. Préférer un régime où divers pouvoirs antagonistes se livrent une lutte permanente et où donc l'équilibre politiques atteint est toujours le fruit instable d'un rapport de forces, à un régime où la pluralité de pouvoirs unifiés se complètent et se renforcent les uns les autres, est le propre d'esprits arriérés, ne se sentant exister que dans des atmosphères conflictuelles, ne venant pas participer à une débat pour réfléchir en commun, mais pour se battre à coups d'arguments. Il serait temps de renoncer à nos mauvaises habitudes, en particulier aux stratégies que chaque leader politique tend à appliquer pour mettre en difficulté ses adversaires, leur tendre des pièges, les déstabiliser et leur faire perdre la face. Nous devons apprendre à traiter en partenaires, et non en adversaires, ceux qui, quel que soit leur point de vue, se proposent d'oeuvrer pour le bien de la collectivité. La renonciation à une politique raisonnée au profit d'une politique tâtonnante, cheminant sans direction précise de victoire en défaite, ne fait pas honneur à la démocratie et ne peut à la longue que nous en détourner. » (page 175)
« Aucune avancée démocratique sérieuse ne pouvant s'accomplir dans un climat de lutte et de crispation idéologique, il importe en priorité d'apprendre aux gens à se respecter, à échanger calmement des connaissances, des avis et des propositions en se reconnaissant a priori de bonne foi, dignes de participer équitablement à l'aménagement du bien public.
Les instances exécutives du mouvement se fixeraient donc pour première mission la promotion de débats sereins. Il ne leur appartiendrait pas d'élaborer un programme de gouvernement, mais de promouvoir une citoyenneté active en encourageant les membres de chaque collectivité, en commençant par ceux de chaque section du mouvement, à dialoguer et s'expliquer pour parvenir à des compromis ne heurtant ni ne désavantageant personne. A cette fin, elles animeraient et coordonneraient des sortes de cercles républicains où des citoyens de toutes tendance accepteraient de venir discuter, fermement, mais posément, sans vociférer ni s'insulter. [ ]
Ces réunions seraient encadrées par un conducteur de séance dont la fonction serait d'éclairer les divergences comme de souligner les points de convergence. Il veillerait à faire progresser le débat vers, si possible, l'adoption d'un texte de synthèse qu'on se garderait de présenter comme définitif, sur la base duquel approfondir ultérieurement la réflexion. » (page 239).
Rose-Marie LAMY, Repenser la démocratie, 1999 (32 LAM).
« Le champ de la transmission et de la culture – celui de la païdeia des Grecs – a été envahi par les médias de masse. La communauté des sujets souverains s'est transformée en société de masse. [ ]
La société démocratique serait donc une société où les problèmes politiques seraient présentés par les gouvernements au peuple. Et c'est celui-ci qui, par la discussion et la délibératon, devrait déterminer les mesures à prendre. [ ]
Les problèmes qui décident aujourd'hui du destin de l'humanité ne sont ni soulevés ni réglés par le peuple. L'idée prévaut de la nécessité de recourir à cette fin à des experts. L'élite moderne a recours à des instruments de gestion et de manipulation psychique pour préserver l'apparence de la démocratie. [ ] La manipulation s'impose donc dès lors que des hommes ou des groupes restreints d'hommes disposent réellement du monopole du pouvoir, sont seuls à prendre les décisions qui déterminent le destin de tous, mais ne pouvant et/ou ne voulant pas le faire directement, se trouvent contraints de faire croire que les décisions ont été prises par le peuple, ou du moins par la majorité de ses membres, et dans l'intérêt général.
L'élite du pouvoir, l'élite de la puissance économique, monétaire et guerrière, outre les moyens élargis d'administration, de gestion, d'exploitation et de violence qu'elle monopolise, dispose de ces instruments de la manipulation et gestion psychique que sont les médias de « communication » de masse. [ ] La conséquence symptomale la plus évidente en est l'apolitisme de l'homme - « individu-masse », indifférencié et isolé, privé de toute médiation active, effective entre lui-même et l'élite au pouvoir. » (page 101).
CAP DEMOCRATIE.
RMC.
Agora Belgium. Parti qui se présente aux élections fédérales, qui a une liste à Namur, Bxl et BW.
Citoyen Lambda.
Collectif Citoyen.
3. Initiatives
On peut chercher à aménager des espaces pour plus d'expression et de décision de la part des citoyen.ne.s, mais on reste quand même dans le système. En systémique, on distingue le changement de type 1 (on reste dans le système) et le changement de type 2 (on change de paradigme).
Relevons néanmoins ce type d'initiatives en Belgique :
1948. Droit de vote des femmes.
1951 référendum sur la Question royale.
2011. G1000. 700 participants discutent sur 3 thèmes.
2019. Depuis 2019, en région germanophone, existe une structure permanente de citoyen.ne.s tirées au sort (24) : le conseil citoyen permanent. C'est lui qui choisit les thèmes à débattre et qui organise les assemblées citoyennes ponctuelles (auxquelles il ne participe pas). 1/3 de ses membres change tous les 6 mois. Indemnité de 100 € pour 4h + frais de déplacement.
2021. Le Panel Citoyen Climat a réuni 50 citoyens tirés au sort en 2021. A l’issue de six week-ends, ils ont émis 162 recommandations pour le climat dont la limitation des émissions de gaz à effet de serre en Wallonie.
2023. Expérience de Commission délibérative en RW (30 citoyen-nes tirées au sort + 10 députés volontaires, sur un total de 5 journées), dans le but d'installer une structure permanente comme en communauté germanophone. A l'initiative de CaP Démocratie (qui avait dû récolter 2.000 signatures), et accompagné par Dreamocracy. Le parlement wallon devait se prononcer ce 24 avril 2024.
Le budget participatif. Une commune décide de remettre entre les mains de la population la façon d'utiliser un budget. ex. Spa.
Pétitions. 1.000 signatures. Le droit de pétition permet aux citoyens de faire entendre leur voix en attirant l'attention des autorités publiques sur leurs préoccupations. Il peut s'agir d'un avis, d’une demande, d'une plainte ou de toute autre proposition. Le contenu d'une pétition peut servir aux élus pour établir ou améliorer une législation, pour renforcer leur contrôle de l'action du Gouvernement ou pour faire prendre une position par le Parlement (Wallon). Lorsqu'une pétition est jugée recevable, elle est envoyée dans la commission parlementaire compétente. La pétition
doit formuler une question concrète à propos d’un sujet relevant de la compétence de la Région ou visant ses intérêts, la pétition est présentée à la commission parlementaire compétente.
Conseil communal consultatif des aînés. ex. Seraing.
Conseil communal consultatif citoyen. ex. Seraing, composé de personnes ayant présenté leur candidature (une dizaine de personnes, sur une population de 60.000 habitant-es).
Interpellations citoyennes. Possibilité pour le citoyen de demander au conseil provincial ou communal des explications sur un sujet défini. Le texte de l’interpellation proposée est adressé par écrit au collège communal ou provincial. Pour être recevable, l’interpellation doit remplir certaines
conditions. L’interpellant expose sa question en séance publique du conseil et les élus y répondent. L’interpellant dispose de deux minutes pour répliquer à la réponse, avant la clôture définitive du point de l’ordre du jour. Les interpellations sont transcrites dans le procès-verbal de la séance du conseil communal. Il est publié sur le site internet de la commune.
Panel citoyen « We need to talk » par rapport au financement des partis politiques en Belgique.
Consultation populaire. 60.000 signatures. La constitution belge n’autorise pas la pratique du référendum. En revanche, elle permet les “consultations populaires” qui s’apparentent au référendum, mais sont purement consultatives. Les pouvoirs publics sont libres d'en suivre ou non le résultat.
3. Extraits (livres en bibliothèque).
Barbara STIEGLER, « De la démocratie en Pandémie ».
« Mais nous pouvons aussi tenter de nous unir, avec quelques autres, pour constituer des réseaux de résistance capables de réinventer la mobilisation, la grève et le sabotage, en même temps que le forum, l'amphithéâtre et l'agora. En s'y mettant à plusieurs, ici et maintenant, en ouvrant en grand nos institutions à tous les citoyens qui, comme nous, sont convaincus que le savoir ne se capitalise pas, mais qu'il s'élabore ensemble et dans la confrontation conflictuelle des points de vues, nous pourrions peut-être contribuer à faire de cette « pandémie », mais aussi de la santé et de l'avenir de la vie, non pas ce qui suspend, mais ce qui appelle la démocratie. » (page 54).
Simone WEIL, Notes sur la suppression générale des partis politiques, 1943.
« Presque partout – et même souvent pour des problèmes purement techniques – l'opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s'est substituée à l'opération de la pensée.
C'est là une lèpre qui a pris origine dans les milieux politiques, et s'est étendue, à travers le pays, presque à la totalité de la pensée.
Il est douteux qu'on puisse remédier à cette lèpre, qui nous tue, sans commencer par la suppression des partis politiques » (page 54).
Simon LEMOINE, Découvrir Bourdieu, 2020 (Chiroux 1 BIO BOURDIEU)
« Il est très étonnant d'étudier le rôle que joue l'individu lui-même dans cette bataille continue, puisqu'il se conçoit lui-même comme légitimement dominé, c'est-à-dire qu'il en vient à se dévaloriser lui-même en fonction des critères donnés subrepticement par ceux qui le dominent. Le dominé se voit lui-même à travers des catégories mentales (des « lunettes ») des dominants, et participe dès lors, bien souvent, à sa propre domination (en se dominant lui-même) » (page 16).
« A quoi sert le savoir sociologique ? En quoi le fait de saisir que nous sommes largement façonnés par la société peut-il changer quoi que ce soit à cela ? Reconnaître, à l'aide de la science, que le malheur que nous subissons provient en bonne part de causes sociales, a au moins trois intérêts : la déculpabilisation des dominés, la responsabilisation des hommes politiques, et l'augmentation, pour ceux-ci comme pour ceux-là, de la capacité de lutter » (page 23).
« On comprend que les dominants participent, d'une manière ou d'une autre, à minimiser la violence, pour ne pas prendre leur part de responsabilité et pour que les dominés ne se révoltent pas. Mais comment est-ce possible que les dominés eux-mêmes (se) masquent la violence dont ils sont l'objet ?
Relevons tout d'abord que la violence dont il est question ici n'est pas manifeste (comme un coup de poing ou une insulte), elle est diffuse, elle peut être minuscule (et efficace par répétition et/ou combinaison avec d'autres violences minuscules), elle peut être institutionnelle, elle peut être symbolique, c'est-à-dire acceptée comme légitime par le dominé, qui a intériorisé une manière de penser dominante, qui le désavantage (« je suis de ceux qui manquent d'ambition », « mon métier ne vaut rien », « ma nature est faible », etc.) » (page 26).
« Ainsi un « ordre des choses » est en place, établi, solide, et cet ordre social profite aux dominants, au détriment des dominés » (page 28).
« Le diagnostic pourrait sembler accablant, puisqu'il fait état d'une violence de grande ampleur, et montre qu'elle est cachée, mais il ne l'est pas, car il apporte en même temps une bonne nouvelle : une bonne part du malheur que les hommes supportent peut tout à fait être réduite. [ ] en agençant la société autrement, et en travaillant sur les moeurs et les représentations.
Bourdieu s'adresse ensuite aux hommes politiques. Il reconnaît qu'il est difficile de lutter contre ce qui génère socialement de la souffrance, mais il tente de les responsabiliser : ils sont coupables si ils ne cherchent pas à le faire, et s'ils n'emploient pas tous les moyens à leur disposition pour le faire » (page 29).
Albert de SURGY, Osons réinventer la démocratie, 2018. (320,1)
« Alors que nos connaissances devraient nous permettre de vivre dans l'abondance, la condition de vie du plus grand nombre ne s'améliore plus. Il y a toute chance pour que nos enfants vivent moins facilement que nous, confrontés à une multitude de nuisances. La précarité et la baisse du pouvoir d'achat gagnent du terrain jusqu'à menacer l'emploi et la sécurité des classes moyennes. La richesse se concentre entre les mains d'une catégorie très restreinte d'individus : la haute bourgeoisie d'affaires et ses auxiliaires politiques. De tels individus orientent leurs investissements et la production à seule fin d'assouvir leur insatiable appétit de jouissance et d'accaparement des richesses, et affirmer leur supériorité par des dépenses ostentatoires (yachts et jets privés, séjours dans des palaces, voyages de simple curiosité dans l'espace, etc.). Essentiellement préoccupés d'accroître leurs profits, ils n'ont que peu d'égards pour les ressources naturelles et humaines dont ils se servent. A la différence des entrepreneurs d'autrefois, ils vont de l'avant, se grisent et s'enorgueillissent de l'accélération de leur croissance sans se soucier du terme où elle les mène en entraînant derrière eux le reste de la société. Ils représentent une nouvelle droite dangereuse, dévastatrice, n'obtenant le soutien d'une majorité d'électeurs qu'en les influençant, voire en les désinformant et les manipulant par le biais de réseaux et d'organes de communication dont ils ont acquis le contrôle. » (page 7).
« Respecter l'autre, désirer l'enrichissement que procure l'entretien de relations avec lui, accepter d'évoluer en interaction avec lui, ne plus s'accrocher à une identité communautaire stérile, telle est la condition première d'une humanisation et d'une démocratisation véritable de nos sociétés. [ ]
Il convient de promouvoir désormais, non plus les actes de bravoure, mais la recherche patiente de solutions donnant satisfaction à tous ». (page 46).
« Alors qu'une majorité de la population n'aspire qu'à vivre en paix, dans la concorde, il existe malheureusement, et existera peut-être toujours, un bon nombre d'esprits frustes, égoïstes ou pervers, assoiffés de pouvoir, enclins à la bagarre. Comment déjouer leurs machinations ? Allons-nous relever le défi qu'ils nous lancent en entrant en lutte contre eux pour faire barrage à leurs prétentions et préserver la part de pouvoir qui nous revient ? Prenons garde, car nous engager dans l'engrenage du conflit, nous laisser attirer avec les mêmes armes qu'eux sur le même champ de bataille, nous condamnerait à perdre notre âme.
En politique cela implique un refus de cautionner le régime des partis [ ]. » (page 56).
« Comme un Etat qui s'est placé aux ordres du capitalisme n'en est pas moins redevable de ses actes devant les électeurs, nous le voyons s'employer de diverses manières à faire avaler à ces derniers la pilule amère qui leur est administrée. Il détourne leur attention de problèmes essentiels au moyen de festivités, distractions et commémorations diverses. Il les égare par des « communications » se donnant l'apparence de l'objectivité pour les persuader qu'il a fait de son mieux. Afin que leurs souffrances ne franchissent pas la limite du supportable, il se plaît à assumer un rôle d'Etat-providence. Le peuple affolé lui demande-t-il des aides et des subventions ? Il s'empresse de les lui accorder au compte-gouttes, mais suffisamment pour le rendre dépendant de lui, si bien que, quand la situation empire, le même peuple, réduit à l'impuissance, réclame encore plus d'Etat, plus de générosité publique. Depuis le slogan « Pompidou, des sous ! » jusqu'à la revendication actuelle d'une multitude de droits : à un logement, aux soins médicaux, à une allocation universelle de survie, etc., il ne cesse de réclamer stupidement la protection paternelle de l'autorité coresponsable de son humiliation. [ ]
Pour bâtir une société non capitaliste capable d'éviter les pièges du nationalisme, du fascisme et du communisme, ouvrant enfin à la population une perspective rassurante, nous ne pouvons compter que sur une force politique entièrement nouvelle, demeurant à constituer » (page 98).
« [ ] convaincus que le pouvoir, pour être supportable, doit s'édifier organiquement depuis la base vers le sommet, de façon que l'autorité suprême ne prive aucune personne des initiatives qu'il lui revient de prendre à son niveau. Nous pensons que l'engagement politique fondamental des citoyens ne consiste pas à déposer dans l'urne un bulletin de vote, mais à s'organiser en groupes de proximité où trouver protection, stimulation et moyens d'expression. La volonté populaire manifestée par de tels groupes est d'une tout autre qualité que celle résultant d'un simple choix électoral entre quelques propositions formulées par les comités directeurs des partis. Elle est réaliste et déterminée. Elle ne ballotte pas d'un bord à l'autre au gré des informations émouvantes mises en vedette dans la presse. » (page 106).
« Avant de poursuivre, remarquons combien est aberrante cette croyance en la vertu des contre-pouvoirs. Un pouvoir qui a besoin d'être contrarié est tout simplement un pouvoir mal organisé, mal institué. Si les dirigeants d'un pays n'étaient pas mis en condition d'abuser de celui qui leur a été confié, il ne serait plus nécessaire de songer à se défendre contre leurs abus. S'il n'y avait pas de souverain, autrement dit si la population n'avait pas commis l'imprudence de s'en donner un, il deviendrait inutile de songer à s'en protéger. Préférer un régime où divers pouvoirs antagonistes se livrent une lutte permanente et où donc l'équilibre politiques atteint est toujours le fruit instable d'un rapport de forces, à un régime où la pluralité de pouvoirs unifiés se complètent et se renforcent les uns les autres, est le propre d'esprits arriérés, ne se sentant exister que dans des atmosphères conflictuelles, ne venant pas participer à une débat pour réfléchir en commun, mais pour se battre à coups d'arguments. Il serait temps de renoncer à nos mauvaises habitudes, en particulier aux stratégies que chaque leader politique tend à appliquer pour mettre en difficulté ses adversaires, leur tendre des pièges, les déstabiliser et leur faire perdre la face. Nous devons apprendre à traiter en partenaires, et non en adversaires, ceux qui, quel que soit leur point de vue, se proposent d'oeuvrer pour le bien de la collectivité. La renonciation à une politique raisonnée au profit d'une politique tâtonnante, cheminant sans direction précise de victoire en défaite, ne fait pas honneur à la démocratie et ne peut à la longue que nous en détourner. » (page 175)
« Aucune avancée démocratique sérieuse ne pouvant s'accomplir dans un climat de lutte et de crispation idéologique, il importe en priorité d'apprendre aux gens à se respecter, à échanger calmement des connaissances, des avis et des propositions en se reconnaissant a priori de bonne foi, dignes de participer équitablement à l'aménagement du bien public.
Les instances exécutives du mouvement se fixeraient donc pour première mission la promotion de débats sereins. Il ne leur appartiendrait pas d'élaborer un programme de gouvernement, mais de promouvoir une citoyenneté active en encourageant les membres de chaque collectivité, en commençant par ceux de chaque section du mouvement, à dialoguer et s'expliquer pour parvenir à des compromis ne heurtant ni ne désavantageant personne. A cette fin, elles animeraient et coordonneraient des sortes de cercles républicains où des citoyens de toutes tendance accepteraient de venir discuter, fermement, mais posément, sans vociférer ni s'insulter. [ ]
Ces réunions seraient encadrées par un conducteur de séance dont la fonction serait d'éclairer les divergences comme de souligner les points de convergence. Il veillerait à faire progresser le débat vers, si possible, l'adoption d'un texte de synthèse qu'on se garderait de présenter comme définitif, sur la base duquel approfondir ultérieurement la réflexion. » (page 239).
Rose-Marie LAMY, Repenser la démocratie, 1999 (32 LAM).
« Le champ de la transmission et de la culture – celui de la païdeia des Grecs – a été envahi par les médias de masse. La communauté des sujets souverains s'est transformée en société de masse. [ ]
La société démocratique serait donc une société où les problèmes politiques seraient présentés par les gouvernements au peuple. Et c'est celui-ci qui, par la discussion et la délibératon, devrait déterminer les mesures à prendre. [ ]
Les problèmes qui décident aujourd'hui du destin de l'humanité ne sont ni soulevés ni réglés par le peuple. L'idée prévaut de la nécessité de recourir à cette fin à des experts. L'élite moderne a recours à des instruments de gestion et de manipulation psychique pour préserver l'apparence de la démocratie. [ ] La manipulation s'impose donc dès lors que des hommes ou des groupes restreints d'hommes disposent réellement du monopole du pouvoir, sont seuls à prendre les décisions qui déterminent le destin de tous, mais ne pouvant et/ou ne voulant pas le faire directement, se trouvent contraints de faire croire que les décisions ont été prises par le peuple, ou du moins par la majorité de ses membres, et dans l'intérêt général.
L'élite du pouvoir, l'élite de la puissance économique, monétaire et guerrière, outre les moyens élargis d'administration, de gestion, d'exploitation et de violence qu'elle monopolise, dispose de ces instruments de la manipulation et gestion psychique que sont les médias de « communication » de masse. [ ] La conséquence symptomale la plus évidente en est l'apolitisme de l'homme - « individu-masse », indifférencié et isolé, privé de toute médiation active, effective entre lui-même et l'élite au pouvoir. » (page 101).